GEORGE DUKE ENTERPRISES, Inc
Discussion

George Duke fut un producteur très actif dans la décennie 1980, dans le funk pour de nombreux artistes de l’univers R&B de la côte Ouest, dont Jeffrey Osborne mais aussi dans le jazz fusion, avec le bassiste Stanley Clark avec lequel il s’est associé pour deux Clark/Duke projects, ou encore dans le jazz « contemporain » vocal avec Dianne Reeves. Il a collectionné les productions d’albums entiers (jusqu’à cinq en 1983) ou des collaborations pour le crédit d’innombrables artistes issus d’horizon différents au sein de sa structure Entertainment GEORGE DUKE ENTERPRISE,Inc avec comme motivation première l’amour de la musique et recruter de nouveaux talents comme artistes ou musiciens. Ce boulimique du travail a enchainé productions de ses albums solo et ceux des autres, collaborations tout azimut jusqu’à épuisement de son réservoir créatif par l’enchaînement de productions au contenu artistique discutable et d’échec commerciaux. La période Elektra Records de la 2è mi décennie 80 n’est pas celle des plus mémorables, mais il fut capable de rebondir et de temps à autres et se saisir de son genre de prédilection le jazz ; par lequel il pouvait à nouveau aborder le funk et la R&B. Un jazz contemporain récréatif et lumineux qui plait aux plus jeunes tout en suscitant le respect des ainés pour ses arrangements sophistiqués et son toucher de clavier inimitable.
Everette Harp
Bio express : Everette Harp est reconnu comme un saxophoniste de jazz « contemporain » ; jazz funk et smooth jazz originaire de Houston au texas. Fils de ministre et mère organiste, le gospel fut sa première influence musicale, mais c’est à l’université du Texas qu’il est promu major en jazz au début des années 1980. En 1988, il déménage à Los Angeles où il est repéré par Georges Duke qu’il l’intègre dans une formation 101 NORTH qu’il produit chez Capitol Records. Everette signe en parallèle pour un album solo chez Blue note (division de Capitol) c’est le point de départ d’une carrière pleine et prolifique en solo ou en formation jusqu’à présent avec d’autres pointures de sa générations ; Jeff Lorber, Chuck Loeb, Gregg Karukas et bien d’autres..

Face 1 | Face 2 |
---|---|
full circle | when I think of you |
more than you’ll ever know | he’ll never leave |
there’s still hope | If I had to live my life without you |
thank you for all your love | you made it better |
let’s wait a while | freefall |
remember my love | tomorrow |
funk a la gonk |

Mon avis : Everette Harp s’inscrit dans ce grand courant de jazz contemporain qu’on appelle aussi smooth jazz qui émerge dans la décennie 90; une intégration de nombreux claviers et de lignes de programmation pou embellir des lignes solo de sax qu’il décline dans toutes les tonalités ; du soprano au ténor avec l’aisance d’un Grover Washington, la patine d’un David Sanborn. Il sait aussi jouer des claviers, d’un controleur à vent (EWI) et arranger. Le travail sur la rythmique, basse et guitare demeure artisanalement fusion jazz alors que le recours à la programmation donne un cachet smooth sans trop forcer le trait ou la caricature. Ce fut le domaine réservé de George Duke qui a su faire éviter à Everette la glissade vers les abimes où se sont noyés beaucoup de saxophonistes trop grisés de nappes de claviers et autres effets d’aubaines. Everette Harp a su un gagner un ilot de stabilité et conserver son âme jazz malgré les modes et les tentations. On apprécie encore plus lorsqu’il est gravé vinyle pour quelques rares collectionneurs.
Dianne Reeves
Bio express : Dianne Reeves est reconnu comme une des plus grandes chanteuses de jazz Afro-américain qui a su mêler dans son répertoire les sonorités de jazz (fusion), brésiliennes et africaines. Née à Détroit et ayant grandi dans le Colorado, entourée d’une famille élargie de musiciens. Dianne a commencé sa carrière en 1976 mais aussi son apprentissage au coté du saxophoniste Stanley Turrentine, du batteur Lenny White. Elle a collaboré aussi avec les artistes les plus en vu sur scène et en studio ; Sergio mendes, Harry Belafonte...Sa première collaboration avec George Duke, pour un album éponyme en 1987 lui a valu la 1ère place des charts dans la catégorie du meilleur album de jazz contemporain. Dianne Reeves et George Duke réitèrent en 1989 pour un opus ambitieux artistiquement et en moyen de production : « never too far » est une alliance du meilleur de la technique et de la tradition R&B au service d’un jazz mainstream. Jusqu’à aujourd’hui, en LIVE ou en session, Dianne Reeves a prouvé qu’elle une digne héritière de Billie Holiday ou encore Ella Fitzgerald.

Face 1 | Face 2 |
---|---|
hello (haven’t I seen you before) | bring me joy |
never too far | Fumilayo |
come in | more to love |
how long | we belong together |
eyes on the prize | company |

Mon avis : Une production de haute volée qui fait suite au précédent opus tout autant bien produit, mais « never too far » pousse plus loin l’ambition artistique en mêlant le jazz, la funk, le R&B et les inspirations Afro de Dianne Reeves sans tomber dans le cliché jazz fusion. Un effectif resserré et convaincant de musiciens de session rompu à cette exercice, mais surtout rodés au management de GEORGE DUKE ENTERPRISE permet à Dianne Reeves de s’épanouir pleinement dans son répertoire et cela s’entend ! Une instrumentation jouée ciselée et précise met en valeur la voix claire et lumineuse de Dianne. Sa performance vocale repose sur ses articulations et ses intonations précises qui font passer ses émotions à la manière dont Al Jarreau exprime les siens. Il n’est pas nécessaire de pousser de la voix pour se faire entendre, ni aux musiciens de sur jouer pour convaincre que Dianne Reeves est une diva du jazz et pas seulement, elle s’approprie aussi aisément l’esprit de la funk et de la R&B ! Elle assume également son tropisme pour les chants Africains. Tout fonctionne car sa démarche est sincère…et glamour, pourquoi s’en priver.
Al Jarreau

Face 1 | Face 2 |
---|---|
all or nothing at all | one way |
so good | 10K HI |
all of my love | I must have been a fool |
pleasure over pain | more love |
yo jeans | heart’s horizon |
way to your heart |

Mon avis : Après avoir écarté par la Warner de la production artistique des albums précédents de Al Jarreau à l’avantage de Jay Graydon, George Duke revient en position de force pour « heart’s horizon » pour enfin imposer un style jazzy, une orientation moins pop et relever un défi après les succès artistiques et commerciaux des albums précédents. Dans un environnement très évolutif du marché vers une fuite en avant vers le son pop FM, George Duke choisit de ne pas courir derrière ce lièvre et revient un peu sur le plan de l’orchestration à l’essentiel, une base rythmique conventionnelle et des claviers plus discrets et surtout moins envahissant même s’il conserve un cachet remarquable. Pour cela, le rôle de Jay Graydon est minoré à la co-production de certains titres et George Duke impose cette fois son style. Ça commence avec « "all or nothing at all", swing mi-tempo légère et rugueuse, à la sonorité plus acoustique que naguère. Puis vient la ballade "so good" qui prolonge la même tonalité rugueuse et jazzy, ce qui pouvait surprendre à l’époque du Fairlight et du DX mais finit par convaincre du bon choix après que ces deux engins fut passé de mode. Heureusement, le funk est toujours là avec "all of my love", ça frappe sec et ça gratte fort là où ça fait du bien. "pleasure over pain" est une ballade mélancolique comme il fut d’usage pour les albums des artistes de jazz vocal de cette époque. Mais celle–ci renforcée au Synclavier et distillée au DX-7 a un goût particulièrement triste…pour celles et ceux qui aiment quand ça pique à l’âme. Enfin l’apothéose revient à "more love" un concentré de ce George Duke avait à lui et nous offrir de meilleur ; une ballade délicieusement jazz vocal taillée sur mesure façon belle époque pour cette illustre crooner que fut Al Jarreau. « heart’s horizon » est un album réussi artistiquement qui a pris le contrepied des tendances pop du moment mais qui s’avère avoir été le bon choix pris par les producteurs.
Angela Bofill

Face 1 | Face 2 |
---|---|
generate love | first time |
tell me tomorrow | ♦this change of yours |
midnight shine | still in love |
I don’t wanna come down (from love) | ♦woman’s intuition |
(if you wanna love me) you’re on |

Mon avis : Pour succéder à la machine à hits de Narada qui fonctionne bien mais qui produit des titres standardisés, George Duke aux manettes se devait de relever le défi de concilier les inspirations artistiques d’Angela vers plus d’authenticité et les attentes du label en terme de pop mainstream commercial. Pour cela, George Duke a sorti son arsenal de claviers et de synthétiseurs dernier cri, a recruté des musiciens féroces de studio pour offrir des titres qui sonnent bien l’esprit de l’époque même s’ils ont un peu vieilli. Les nappes de Synclavier dont George Duke se régale d’accords improbables, la basse slappée de Louis Johnson, la batterie appuyée de John Robinson, les riffs incisifs de guitare rythmique de Paul Jackson,jr aurait du faire merveille, mais le résultat est un peu en deçà des attentes. On se délecte cependant de quelques titres qui nous plongent dans la rêverie d’adolescent que nous étions, comme une masturbation secrète devant une représentation naïve d’une voix alto éruptive, d’une excitation par un son puissant et enveloppant. Même si « tell me tomorrow » génère des émotions pas toujours saisissables, il a eu l’honnêteté de ne pas prétendre viser plus haut qu’une ambition commerciale, aujourd’hui une emprunte du mélange des genres et des musiques qui ont marqué la décennie 80 pour le meilleur et pour le pire.
SISTER SLEDGE

Face 1 | Face 2 |
---|---|
B.Y.O.B. (bring your own baby) | let him go |
lifetime lover | smile |
once in your life | bet cha say that to all the girls |
shake me down | gotta get back to love |
dream on | thank you for the party |

Mon avis : Ce trio féminin de choc et de charme ont certainement stimulé suffisamment George Duke pour qu’il leur livre le meilleur de lui-même en terme de production et d’arrangement pour un opus funky dans une période où il a été le plus occupé, voire débordé. En tout cas, « bet cha say to all girls » tranche avec les productions jazzy poppy ou R&B et celles de GEORGE DUKE ENTERPRISES du moment par un funk incarné, parfois sentimental, souvent viril avec tous les meilleurs ingrédients du genre et les musiciens les plus en vu de la côte ouest même s’ils n’impriment pas forcément le pédigrée d’origine. Mike Sembello est un élément central dans ce dispositif rythmique par ses jeux de guitare ; rythmique emballant et cocotte aguicheur. George Duke n’est pas en reste avec son doigté toujours élégant au Rhodes, ses trouvailles aux manettes de ses claviers pour impressionner et surtout sa programmation batterie pour suppléer Ricky Lawson. "once in your life" est une ballade quiet storm façon THE JONES GIRLS qui met en exergue le sax solo charmeur de Ronnie Laws. L’album explore avec intelligence toutes les nuances de funk, à l’exception de "let him go" qui est le titre pop/rock pour des filles en colère. Mais la bonne humeur revient vite avec "smile" un titre feel good pour les matinées californiennes avec un solo de basse dantesque de Louis Johnson au petit déjeuner. Aujourd’hui, Al Jarreau est en visite avec "bet cha to all the girls", il ne chante pas ou peu mais scat, rap dans un registre qu’on ne lui connaissait pas jusqu'alors mais passe haut la main la sélection. Après une ballade ; "gotta get back to love" où l’on croyait nos princesses endormies, voilà qu’elles se réveillent avec "thank you for the party" un titre de fermeture sur un ton aussi funky que celui de l’ouverture mais c’est un dernier élan pour indiquer que la fête a été bonne et qu'il n'y en aura d'autres. Malheureusement non, car le miracle musical ne se reproduira plus, la pépite a été grattée.
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