Phil Perry est natif de Springfield dans L’Illinois ; Il est membre de THE MONTCLAIRS entre 1971 et 1975 comme chanteur, pianiste et compositeur avec Kevin Sanlin ; guitariste, bassiste et aussi chanteur.
A la fin des années 70, le duo déménage en Californie pour former le binôme Phil Perry & Kevin Sanlin en signant chez Capitol pour deux albums ; « for those who love » en 1980 et « we’re the winners » en 1981. « just to make you happy » issu du premier album aura un succès modéré en radio. La voix falsetto savoureuse de Phil Perry est assez remarquable sur les titres jazzy et les mélodies sentimentales, tandis que le timbre nasal et monocorde, de Kevin, est peut être plus en phase avec le son funk des titres plus rythmés.
Cette divergence d’interprétation mais sans doute aussi l’insuccès commercial des deux albums pourtant de qualité vont mettre fin au duo. La carrière de Phil Perry se prolonge comme artiste interprète chez le label GRP pour les sessions d’enregistrement et les tournées lives de Lee Ritenour, Dave & Don Grusin, ainsi que pour Anita Baker, George Duke, Najee, Peabo Bryson, Chaka Khan, Will Downing... Phil Perry s’est faite une solide réputation de guest vocalist dans le R&B, soul, jazz, quiet storm et smooth jazz.
Une carrière solo redémarre en 1991 avec l’album solo « the heart of the man » un album aux sonorités R&B westcoast qui lui permet d’épingler les hits "call me",  "amazing love" dans les charts singles. Dorénavant Phil Perry est considéré comme un vocaliste de première classe et sa carrière se poursuit jusqu’à aujourd’hui dans un registre smooth jazz où peut toujours apprécier ses vocalises suaves et toujours habité qui ne laisse personne indifférent.

Mon avis : “off on your love” en ballade uptempo soyeuse et envolée fait l’ouverture d’un album plein de promesse au vu du l’enthousiasme de Kevin et surtout de Phil. Le marketing réussi de la pochette renforce une impression de sérieux. Malheureusement ou heureusement selon les goûts, la suite ressemble curieusement à du SOLAR bon cru, simple coïncidence ou proximité géographique... Malgré un effectif notable de bons musiciens et d’une orchestration de cordes et de cuivre, l’ensemble manque de punch créatif, les ballades « you can’t hide love » et « we belong together » proprement reprises n’apportent pas grand-chose aux titres originaux. Perry & Sanlin sont les orphelins de la décennie 70, un album un peu à reculons sur des ressorts rythmiques et musicaux efficaces mais qui ont fait leur temps, dans le sillage de ceux qui les ont précédés. On peut cependant par indulgence souligner l’interprétation de Phil Perry qui elle demeure peu commune.

Mon avis : Un excellent casting de musicien, un marketing de pochette originale, un duo de voix de velours ne font pas les meilleurs crus. « We’re the winners » pêche par un manque d’originalité dans l’écriture et les arrangements musicaux. Quelques titres ressortent quand même de ce marécage comme ; « special to me » ; « love is like a statue » des ballades romantiques correctement ficelés, sans nous surprendre pour autant, où l’interprétation juste de Phil Perry domine nettement celle de Sanlin. « show stopper » est le seul titre funk dansant convaincant grâce aux gratouilles décoiffantes de Charles Fearing à la guitare. Pour ce qui est du reste, autant écouter un bon SOLAR genre MIDNIGHT STAR ou DYNASTY, car ça y ressemble beaucoup. Alors pourquoi faire figurer cet album dans une collection ?
− parce que c’est le deuxième et ultime de ce duo éphémère et vaguement OVNI et qu’il vaut mieux avoir les deux.
− Parce que la pochette est chic.
− Enfin, parce que c’est Phil Perry !

Mon avis : En dépit de tout le soin apporté à la production d’un album qui se faisait attendre qui aurait pu être en soi un évènement au vu de la notoriété de Phil Perry comme vocaliste de scène, on ne peut s’empêcher d’être un peu déçu par la faible épaisseur d’écriture et de la composition des titres. « The heart of the man » est un album qui semble avoir été construit non pas comme un projet artistique mais comme une collection de titres tout azimut de fonds de tiroirs d’auteurs compositeurs et mis en cohérence ou au diapason d’une sonorité westcoast par un travail d’ingénieurs de son. Il y a certes quelques belles envolées lyriques (dont Phil en a la secret), des invités musiciens prestigieux mais la production n’est pas assez solide pour sublimer tout cela. Alors pourquoi évoquer cet album? Il y a quelque chose de l’ordre du snobisme à évoquer un artiste de grande intensité émotionnelle, avec une prestance incroyable sur scène, dont les albums se font rares même s’ils ne sont jamais aboutis artistiquement. Qu’importe Phil Perry est personnage attachant qui a l’amour du chant et ça on ne peut pas lui enlever.