Letta Mbulu

Bio
Letta Mbulu est une chanteuse de jazz d’origine Sud Africaine. Mariée à Caiphus Semenya, compatriote mais aussi son producteur, ils forment un binôme qui a œuvré au rayonnement culturel de leur pays et peut être aussi musicalement à gagner la bataille culturelle de la tolérance et de la lutte contre les discriminations.
Née en 1942 et ayant grandi à Soweto, elle est contrainte à l’exil pour fuir l’Apartheid mais aussi pour poursuivre sa carrière de chanteuse de jazz, qu’elle fera aux Etats Unis au cotés de Cannonball Adderley, Harry Belafonte, Hugh Masekela, Quincy Jones... ce dernier ne tarit pas d’éloges : « Mbulu est une femme de racine, il émane d’elle une chaleur et une sophistication qui soulèvent l’espoir d’atteindre un amour pur pour la beauté et la paix ». On lui doit aussi : “Naku Penda pia, Naku Taka pia, Mpenziwe!” l’intro en Swahili de "Liberian Girl" ; hit de Michael Jackson sur son album bad. En plus de ses activités discographiques et ses tournées, elle participe à des musiques de films ou de série en rapport avec la condition noire ; « Roots » en 1977, « la couleur pourpre » en 1986…
C’est à partir de 1976, que Letta réoriente sa discographie vers la soul et le R&B, chez A&M Records sous la supervision artistique et managériale de Herb Alpert. En 1979, Letta et Caiphus quittent A&M pour Munjale ; label Sud Africain distribué en Europe par CBS. Il viendra « Sound of a rainbow » en 1980 et « in the music…the village never ends » en 1983, deux albums enregistrés dans les studio de Californie qui ont la particularité d’évoquer l’Afrique noire tout en utilisant des ressorts instrumentaux rythmique de la funk et de la soul. Passé sous censure des autorités sud Africaines, absent des ondes radio, mais écouté de manière discrète, ces albums qui ne renferment pourtant pas de messages subversifs diffusent musicalement en filigrane une aura d’espoir et de liberté que la majorité a pu découvrir en 1991. La force de Letta Mbulu est là, il y a plusieurs niveaux d’écoute sur ses albums, les uns peuvent recevoir un message engagé tandis que d’autres sont heureux de danser sur ses vocalises et sa rythmique, grâce aussi à Caiphus Semenya qui a su habilement orienter le répertoire de son épouse vers la musique de son temps universelle. En 1991, après 26 ans d’exil, elle revient au pays avec son mari pour célébrer la fin de l’Apartheid et accompagner la transition démocratique de la nouvelle Afrique du Sud.
Elle et son mari sont désormais moins actifs sur la scène musicale si ce n’est quelques albums pour le public sud Africain et des apparitions lors de galas. Elle est récompensée par un South African Music Award d’honneur pour sa carrière d’artiste et femme engagée. C’est la meilleure des récompenses qu’elle pouvait espérer.
Discographie essentielle


Face 1 | Face 2 |
---|---|
sweet Juju | Vumani Makhosi |
Nomalizo | down by the river |
Nkedema | The village |
Hamba Nam We |

Mon avis : Il fut un temps où « in the music… » était un album considéré par les collectionneurs comme une perle venu d’Afrique, parce que rare et peu pressé. Grâce au renouveau du vinyle et certainement aussi la demande, il a été réédité avec les règles de l’art en ce qui concerne la qualité de la pochette, mais surtout avec une remasterisation pour garantir la qualité de restitution qu’exige un album qui a vocation de vous immergé dans une ambiance douce et feutré d’un village sud-africain ouvert sur la soul mainstream. Pour ce faire, Letta Mbulu a enregistré son album dans les meilleurs studios de Los Angeles avec des pointures de musiciens aux jeux plutôt nerveux qui tire sur la funk pour les titres animés et la soul pour les morceaux d’ambiance et d’introspection. L’africanisation des titres se joue plutôt au niveau des chœurs chantés en zoulou et des textes mixtes Anglais/zoulou. La voix de Letta, sensuelle et charnelle, permet d’aborder des thèmes à la fois léger et d’autres plus engagés. Musicalement, c’est plutôt un festival de cuivres façon SEAWIND ou EWF, de la basse slapée et de la cocotte guitare à la mode funky du moment et bien sur une moog basse comme gage de modernité. Les claviers sont plus intéressants, variés, distillés comme éléments d’ambiance ou d’accompagnement, ils ne débordent jamais, ce qui permet à Letta et ses voix arrières de dérouler leurs nuances de ton et aux percussions marimba, chime, timbal, conga…d’imprimer une ambiance exotiques. « in the music… » est un album qui a fait des émules et a donné envie à d’autres artistes sud Africains comme Jonathan Butler de « faire l’Amérique » pour goûter à la liberté, celle de vivre sa passion et de la faire partager. Letta Mbulu en est l’iéclaireuse.
Créez votre propre site internet avec Webador