Marc Sadane, originaire de Savannah en Géorgie, est monté à New York à la fin des années 70 pour étudier le stylisme et la mode, mais c’est la musique qui le tente. Celui qui a pour unique expérience les chorales gospel de sa communauté, arrive à rejoindre de petites formations locales comme voix principale. Puis, en accompagnant les représentations dans les clubs de Stephanie Mills et de Phylis Hyman, il se fait remarqué par ses prestations scéniques et sa voix inclassable mêlant intonations de soul, de R’nB et de gospel. Les acclamations du public l’encourage à persévérer et déclenche le projet d’albums solo. Ce projet muri avec le tandem Mtume/Lucas pour marcher sur les plates bandes du funk New Yorkais post disco. Deux albums seront produits chez le label prestigieux de la Warner. Malheureusement, en dépit du soin apporté à la production, ces derniers, ni les singles qui en sont issus ne rencontreront le succès commercial espéré et attendu par le label. Marc Sadane est remisé au placard jusqu’en 1989 où il apparait de manière anecdotique comme voix guest pour un single de l’album garage de Darryl Payne. Ses albums demeurés longtemps confidentiels, bien que connus par de nombreux DJ, sont devenus avec le temps et la persistance de la notoriété de ses producteurs, des must have, surtout « exciting » qui représente un savoir faire funk vintage rarement égalé sur la scène New Yorkaise et aujourd’hui possédé ou recherché par tout bon collectionneur de vinyles funk.

Mon avis : D’entrée l’album annonce une couleur soul R’nB soignée, rigoureusement joué et interprété par un Marc Sadane. Les titres ballades ou softs sonnent comme ceux de nombreux artistes contemporains du label P.I.R, c’est naturel puisque l’album est enregistré dans les studios Sigma Sound…de New York. On remarque encore de grandes similitudes dans l’instrumentation et les mélodies avec les albums de Stephanie Mills. Les titres « dansants » manquent de punch même s’ils sont agréables à écouter, la période post disco n’est pas encore révolu et le funk peine à sortir son nez sur la face 1. Enfin, "girl come on" est une mise en appétit par son prémices du son funk ; une boucle moog basse, des refrains accrocheurs entêtant laisse présager une face 2 plus débridée, hélas le soufflet retombe et les réflexes des titres mielleux ou tièdes prennent le dessus. C’est une erreur de production de ne pas être sorti des sentiers balisés, car Marc Sadane n’avait pas vocation à chanter le même catalogue des artistes Mtume/Lucas Productions. Heureusement, le tir sera rectifié avec le prochain album. Pour résumer ou se consoler, « one way love affair » est une mise en bouche d’une convergence lente et mijotée de la soul, du R’nB et disco vers la funk New Yorkaise authentique de la décennie 80.

Mon avis : Production New New-yorkaise pure sucre sur un label d’ordinaire plus orientée vers le son californien, Marc Sadane ou plutôt le tandem Mtume/Lucas nous sert un funk pur et punchy qui va droit à l’essentiel. Des mélodies calibrées pour une surenchère rythmique efficace ; moog bass qui taille dans le vif du sujet. L’album démarre "one minute from love"; véritable missile qui renvoie les orchestrations sirupeuses ou disco des productions précédentes dans le passé (pas si lointain). la deuxième salve démarre avec "baby won’t cha" calibré pour le bonheur des amateurs de gros son funky. L’évolution attendue et sans cesse remise est enfin en marche, le tandem fonctionne parfaitement, la fine fleur des musiciens de la grosse pomme est là ; Dean Gant, Ed Walsh au synthé et à la programmation ont un rôle prépondérant, les autres sont chez eux ou les bienvenus, Raymond Calhoun (GAP BAND) ou Marcus Miller sont en guest. Tawatha (en duo sur "baby won’t cha") est la caution féminine de Marc, bref du beau monde pour du bon funk. Malheureusement cette idylle était trop belle ; c’est le dernier album de Marc (ça on peut le supporter) et c’est aussi l'avant dernière production de la dream team Mtume/Lucas. « exciting » vient nous rappeler que la funk opportuniste peut être une musique aussi jouissive qu’éphémère.