Miles Jaye Davis est un chanteur et violoniste américain de R&B et de jazz. Reconnu pour sa voix distinctive, son talent de multi-instrumentiste, de composition et comme producteur, il a connu quelques succès relatif dans les charts singles entre 1987 et 1991. Né le 12 novembre 1957 à Yonkers, New York, il a étudié la musicologie, l’orchestration et le violon pendant une décennie au Conservatoire de Brooklyn. Dans d’autres établissements prestigieux dont le collège de Brooklyn, il a appris à jouer de la flute, du clavier et de la basse.C’est à l’armée dans l’US air force basé aux Philippines qu’il se lance dans l’interprétation. Dans le civil, il tourne en Europe avec Eric Gale, Phyllis Hyman et Jon Lucien avant d’être recruté et enrôlé en 1982 comme principal interprète chez les VILLAGE PEOPLE grimé en cop. Il quitte cette formation disco pour rejoindre et travailler au coté de Teddy Pendergrass et son staff de production TEDDY BEAR ENTERPRISES pour ensuite sortir son premier album « Miles » en 1987 chez Island Records. Il décroche la 5ème et la 8ème place des charts US R&B avec les singles "let’s start love over" et "I’ve been a fool for you". En 1988, il épaule Teddy Pendergrass à la réalisation de son album « Joy » dont il a contribué à son succès artistique et commercial par la production et la co-production de cinq titres. Il s’ensuit 2 autres albums ; « Objective » en 1989 et « strong » en 1991 où il exprime au-delà de sa voix chaude émotive et passionné des talents d’arrangeur et de producteur hors pair tenté par le jazz. Il fonde un concept le « Miles Jaye jazz café » où se rencontrent et jouent ensemble des artistes de smooth jazz et de R&B dans un cadre chaleureux proche du public. Il continue tout autant à travailler pour d’autres musiciens de renoms : George Duke, Roy Ayers, Grover Washington et Brandford Marsalis. Chacun s’accorde à dire que Miles Jaye a apporté sa pierre dans l’édifice de la musique R&B et jazz des années 90 et que sa contribution artistique est non négligeable.

Mon avis : Miles Jaye privilégie un concept artistique général au détriment peut être de la sophistication instrumentale ; prenant en main une grande partie de son instrumentation où en ne s’entourant que d’une équipe resserrée de musiciens à la croisée du monde jazz et du son de Philadelphie. Le choix du resserrement artistique renforce le caractère personnel de l’artiste Miles Jaye auquel sied parfaitement à l’orientation du label ISLAND vers la promotion et l’investissement de nouveaux artistes (Will Downing, Micas Paris, BY ALL MEANS...) et non vers l’éclectisme musical tiraillé de cette fin décennie 80. Certes, l’intention est louable, Miles Jaye domine l’instrumentation mais il manque cependant quelques bonnes idées qui viennent d’ailleurs et qui aurait pu donner à « objective » une dimension supplémentaire afin de chatouiller un peu plus les charts US et d’ailleurs. On se régale par ailleurs de quelques titres succulents, par ailleurs davantage joués que programmés, Miles n’a pas pour autant oublié tout idée de partage, en mettant en avant son trio féminin de choriste où en laissant Vic Stevens à la batterie donner le bon tempo R&B en hommage peut être du TSOP. On peut trouver autant de défauts que de qualités dans l’album, mais on ne peut que louer la tentative de Miles Jaye de nous faire partager son univers musical dans une démarche plus artistique que commercial. En tout cas cette saillie R&B authentique était originale dans un paysage musical tentée par la musique pop et mainstreamisée. Miles Jaye a choisi l’évolution même expérimentale plutôt que le déracinement des pousses qu’ils l’ont nourris.

Mon avis : On prend la même formule et on recommence. L’esprit R&B personnel et expérimentale de « objective » est toujours présent et va même plus loin et plus juste avec quelques aménagements de production. Une réduction de personnel vers un noyau dur essentiel, Jef Lee Johnson et le trio de chants féminin, mais aussi une recrue ; Alvin Moody avec qui il partage la production ou confie la programmation basse batterie. « "just be good to me" » marque la fusion du R’n’B et du jazz avec une ambiance underground assez astucieusement restitué par un habillage rythmique hip hop et un accompagnement free jazz entêtant. Les titres produits par Miles Jaye/Alvin Moody ont gagné en sobriété par la domestication des instruments de synthèses sonores disponibles, mais il y a aussi de la maturité d’un artiste, qui a davantage nourri et réfléchi son projet artistique sans se renier pour autant. Il y a aussi un éclairage bienvenu celui de George Duke, producteur sur deux titres de jazz fusion dont la tonalité s’intègre parfaitement à l’ensemble.  "make it last" en est le plus lumineux, le piano virtuose de George Duke transcende l’interprétation de Miles Jaye vers un sommet d’émotivité. Enfin ce dernier veut nous surprendre en réservant le meilleur pour la fin, car il clos le chapitre en apothéose avec "capice" un tonitruant titre de groove jazz qui donne envie de swinguer sans fin. Miles a enfin trouvé sa voie ; quelque part entre sensibilité et virilité. Le "cop" de VILLAGE PEOPLE a fait son chemin, ça laisse admiratif ou perplexe. Tous les chemins mènent à Rome, ce n’est pas la multiplicité des moyens qui a permis à Miles de toucher du doigt le sommet mais certainement le travail et l’abnégation pour une certaine idée du jazz et du R&B.