Yutaka Yokokura

Bio
Yutaka Yokokura est un musicien japonais reconnu, connu pour sa polyvalence en tant que pianiste, claviériste, joueur de koto, arrangeur et compositeur. Sa musique est souvent décrite comme un mélange de jazz, de fusion, de crossover et de pop, intégrant ses racines japonaises à une forte influence de la musique brésilienne. Avant la grande histoire, il y la petite que Dave Grusin’ et Larry Rosen relatent avec une pointe de nostalgie le jour où en 1977, ils ont reçu un appel d’un « gentleman » japonais qui voulait louer leur service pour produire un album. Cet homme prénommé Yutaka a animé leur curiosité ; qui était il ? Quelles étaient ses motivations artistiques ? Yutaka leur a envoyé une maquette. Dave et Larry se sont rendu compte en studio qu’elle manquait un peu de cohérence. Ils l’ont encouragé à persévérer et à creuser davantage son contenu pour le faire coïncider avec les orientations artistiques que Dave et Larry avaient pour projet de développer.
Cinq mois après, Yutaka rappelle en disant qu’il était prêt et qu’il avait réussit à créer quelque chose compatibles avec leurs attentes tout en ayant conservé ses racines nippones. En studio, Dave Grusin et Larry Rosen produise donc le premier album de Yutaka Yokokura ; « love light » en conservant l’ambiance créé par les compositions et les instruments traditionnels comme le koto et la flute shakuhachi tout en l’édulcorant d’éléments de jazzfusion et de pop pour américaniser le concept. L’album distribué d’abord au japon où il fut mal accueilli, est importé aux Etats Unis. Il y a bénéficié d’un enthousiasme sur les ondes radio de Los Angeles à tel point que ses ventes ont redémarré allant même jusqu’à une spéculation de certains distributeurs du fait de sa rareté en importation. L’album fut réédité tardivement en 1981 chez un label US : Alpha Records. La morale de l’histoire est que Yutaka a été adopté par les auditeurs bien au delà des espérances de ses producteurs.
Yutaka est né le 26 juin 1956 à Tokyo. Il a commencé sa formation musicale par le piano classique à l’âge de quatre ans. A l’adolescence, il développe une grande passion pour la musique brésilienne, influencé par un artiste comme Sergio Mendes. En 1972, il migre à Los Angeles pour étudier à l’université de Long Beach en Californie. En 1975, il se reconnecte avec sa culture musicale japonaise et brésilienne ! en jouant avec le groupe NOVO. En 1981 la réédition de son album permet de classer le titre « love light » chanté par patti Austin à la 81ème place du billboard Hot 100.
En signant chez GRP, il enregistre trois albums dont « Yutaka » en 1988 et « brazazia » en 1990, c’est le départ d’une carrière solo où il a obtenu une grande liberté artistique ainsi que des moyens de production conséquents pour mettre en musique les tréfonds de ses inspirations musicales mais aussi sa collaboration étroite avec Pauline Wilson. Cette vocaliste d’exception a quitté SEAWIND pour elle aussi embrasser une carrière solo avec quelques albums produits par Yutaka au cours de la décennie 1990. Yutaka sait tout faire, claviériste confirmé, il chante, joue du KOTO et des percussions. Il sait aussi arranger et produire. Il est de fait un artiste accompli et comblé. Il a travaillé avec ou pour de nombreux artistes et musiciens de la scène jazz/pop californienne mais aussi avec celui qui était son modèle : Sergio Mendes qu’il a accompagne en tournée dans les années 2000. Sa capacité à fusionner des éléments de jazz, de musique brésilienne et de sonorités japonaises (notamment grâce au koto) a créé un son distinctif qui lui a valu une notoriété internationale, mais surtout un son, une ambiance, voire un souffle qui lui est propre. Il peut remercier Dave Grusin et Larry Rosen de lui avoir mis le pied à l’étrier, mais c’est surtout grâce à l’amour du jazz et de la bossa qu’il ne l’a jamais quitté qu’il doit son talent et son intégrité.
Discographie vinyle



Mon avis : Mis à part le premier titre "breath of night", pur titre de jazz fusion à l’esprit exploratoire et psychédélique, « love light » est un album de soul jazz fusion conventionnel des productions Grusin/ Rosen des années pré GRP qui se sont insérés dans les discographies des artistes de ce courant, dont Dave Grusin lui même ou ont essaimés sur les ondes radio entre New York et Los Angeles. Le Koto et la flûte Shakuhachi sont un simple marqueur traditionnel presque anecdotique au regard du contenu fortement lessivé par la dominante soul jazz US qui suinte de partout, de l’orchestration des cordes jusqu’au bout des claviers dont le fameux Rhodes joué avec le même touché que Dave Grusin et réglé avec le même timbre que sur les albums solo de ce dernier. Patti Austin et Tom Bahler sont conviée pour féminiser et glamouriser "love light", seul titre de dimension pop US chart compatible par ces arrangements assez Quincy Jonesque par ailleurs. C’est bien vu ! « love light » est un nième de jazz fusion pour les inconditionnels des productions Grusin/Rosen et des ambiances de musiques de film.



Mon avis : En dépit d’un aspect un peu cliché en ce qui concerne l’instrumentation et les arrangements lorgnant sans détour sur la fusion frisant parfois l’exagération, Yutaka a bénéficié de gros moyens de studio afin qu’il puisse « mettre le paquet » surtout en terme de dynamique d’enregistrement. Pour cela, Geoff et Don Murray ont mis les petits plats dans les grands pour sublimer des compositions moyennes avec des effets de grand standing, ce qui laisse penser parfois à un album vitrine de savoir faire du label GRP. Toujours est-il que Yutaka et Pauline Wilson se régalent d’une telle abondance de moyen au service d’une idylle entre eux et de la mise en musique afin de les maintenir dans un rêve éveillé. Les romantiques un peu naïfs se laisseront bercer d’illusion et pourront esquisser un sourire complice tandis que les puristes du genre préférons l’album précédent pour la qualité intrinsèque du contenu, sans toutefois s’en débarrasser, sait t-on jamais les goûts peuvent évoluer dans le temps. En tout cas, il ne faut pas accorder trop de prétention à « Yutaka », il renferme le contenu de son époque marqué par une avalanche de synthétiseurs dans les studios, mais Yutaka Yokokura n’a pas pour autant abandonner son Koto, ni abandonner ses nouveaux potes musicos, puisqu’il leur concède encore un rôle à jouer, et ça c’est plutôt sympa.



Mon avis : Vaguement effleuré par certains aspects de l’album précédent, Yutaka et Pauline Wilson mettent les bouchées doubles en termes de sonorités brésiliennes avec « Brazazia ». Ce projet qui leur tenait tant à cœur est enfin réalisé en auto production en se faisant aider de la fine fleur des musiciens de studio de Rio , en tout cas les plus américanophiles d’entre eux et bien sur à nouveau du staff Grusin/Rosen. Là encore il y a beaucoup de clichés et de lieux communs, le folklore de plage de Copacabana est loin, la musique brésilienne, en tout cas celle que explore Yutaka, s’est rapproché des standards US même si elle conserve ses attraits et son charme authentique en filigrane. Ce métissage des genres a déjà été expérimenté par des artiste avant lui ; Lee Ritenour, Sergio Mendes et d’autres. L’intérêt de l’album réside dans une orchestration qui fleure bon l’enthousiasme des années 80 avec ses cuivres majestueux et protocolaire de la puissance du monde libre et la ferveur passionné de « um grupo de músicos locais », c’est toujours mieux que des machines. Yutaka a choisi son chemin, il est celui de l’Est qui parvient au sud des Amériques, ayant fait escale à l’ouest. Il nous fait explorer une autre facette de son talent, celui de raconter son histoire du Brésil, certes de manière un peu funky, mais avec toujours autant de passion. Avec Pauline Wilson, plus amourachée que jamais, qui l’accompagne dans ce voyage, ils nous promettent encore des moments féérique. On est pas dupe, mais on apprécie la carte postale... des studios californiens.
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