Emílio Santiago

Bio

Emilio Santiago est l’archétype du crooner brésilien, virile en apparence mais doux et raffiné dans son allure. Sa voix chaude et suave envoute, sa diction parfaite et sa maitrise du phrasé lui permet la maitrise de nombreux répertoires qui vont de la bossa/samba jusqu’à la funk. Sa voix qui l’a prédestiné à chanter des chansons populaires du catalogue samba/bossa ne l’a pas empêché d’explorer d’autres univers ; soul et funk dans lesquels il a excellé entouré des meilleurs musiciens/artistes de son époque.

Emílio Vitalino Santiago voit le jour le 6 décembre 1946 à Rio de Janeiro (Brésil). Il se consacre d’abord à des études universitaires sur l’insistance de ses parents, qui l’envoient étudier le droit à l'université fédérale de Rio de Janeiro. Pendant cette période, il commence à chanter et lors de fêtes étudiantes et à l’occasion de festivals. Il passe même un télé crochet télévisé. Il se fait remarqué puis exerce comme crooner pour l’orchestre d’Ed Lincoln, ce qui lui permettra de côtoyer les musiciens professionnels de la nuit carioca.
En 1973, il enregistre son premier 45 tr 2 titres pour le label Polydor. Son premier album, éponyme sort en 1975, c’est le point de départ d’une longue carrière discographique qui s’étale sur quatre décennies mais dont l’apogée artistique se situe sur la décennie 80. En cette période qui voit l’évolution des techniques vers des sons plus synthétiques et urbains, Emilio Santiago partage ce créneau avec des artistes de son gabarit ; Sandra SÁ, Djavan, Marcos Vallé...en empruntant les chemins du funk, du boogie et de la soul. Le sommet sera atteint avec « Mais Que Um Momento » un album enregistré en 1983 avec les plus grands arrangeurs/musiciens locaux et aujourd’hui perçu comme un grand classique de la music black brésilienne.
Mais il y a aussi et surtout les albums « Aquarela Brasileira », qui s’étalent sur 7 volumes de 1988 à 1994 avec des reprises et des pots-pourris de grands succès populaires, qui le consacrent comme un immense chanteur de MPB Música Popular Brasileira. Les albums suivants seront plus conventionnels mais tout autant inspirés avec de nouveaux titres dans l’esprit MPB qui lui a tant réussi.
En 2013, Emilio Santiago nous quittait suite à un AVC à l’âge de 66 ans. Sa voix si singulière a montré sa capacité à évoluer avec son époque sans trahir. Dans la discographie, chacun peut trouver la chanson qui lui parle intimement ou le groove qui ne le laisse pas insensible.

Discographie essentielle funk "Brasileira"

Mon avis : Dans lignée des « copacabana sadia » de junior Mendes, « vale tudo » de Sandra Sá, « mais que um momento » figure dans le panthéon des plus grands albums de funk/A.O.R brésilien. Album un peu oublié des puristes, il refait surface à la faveur d’une réédition en vinyle ( longtemps attendue) et sans doute aussi à la faveur d’une certaine nostalgie. Emílio nous fait une déclaration d’amour en musique où il se livre à de véritables pirouettes syntaxiques et de diction sur des grooves virevoltants de riffs rythmiques expressifs mêlant funk ciselé et samba à la chaleur cuivrée avec des lignes de jazz sophistiquées. Emílio est aussi capable de nous émouvoir sur les ballades bossa avec une interprétation sensible ; avec "quebra mar" et "Coragem Pra Se Separar" qui figurent comme un monument dédié aux plus sentimentaux d’entre nous...ceux qui ne peuvent s’empêcher de penser aux émois amoureux de jeunesse qu’ils veulent prolonger aujourd’hui en fantasme. A l’écoute, l’album se vit chaque instant comme un bonheur audiophile décliné dans toutes ses nuances qui vont de l’extase avec des basses vivantes, à la douce quiétude de notes bleues exprimées aux claviers vintages, sans oublier le passeur de nostalgie d’un artiste crooner en état de grâce.

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