Marilyn Scott
Bio
Dans un créneau musical étroit, Marilyn Scott est une digne architecte de la fusion du jazz funk et du soft rock à l’aube de la décennie 80. Sa personnalité unique à rebours des conventions de l’époque lui ont permis de gagner le respect des artistes masculins jouant sur le même créneau ; Elle gagne son un statut de chanteuse interprète blue-eyed soul.
Sa voix chaude et son interprétation brute n’empêchent pas la mise en avant d’un texte personnel et parfois introspectif, habillé d’une musique mêlant la radicalité du rock et une grande élégance mélodique. Marilyn Scott est une Californienne de souche, où elle est née le 21 décembre 1949. Celle qui avoue avoir été largement influencée par Aretha Franklin, Donny Hathaway, Etta James et Jean Carne a commencé à chanter à 15 ans dans des formations de jazz et de pop de San Francisco. Elle est remarquée puis recrutée comme choriste de session par Emilio Castillo, leader du groupe Tower of Power, un groupe de soul funk actif depuis le début des années 70. C’est un tremplin pour pour L.A. où elle exerce son talent pour des formations de jazz fusion ; SPYRO GYRA, YELLOWJACKET et quelques artistes locaux comme Bobby Caldwell, Bobby Womack. En 1977, Marilyn enregistre son premier single "god only knows" (une reprise des BEACH BOYS) qui se classe dans les charts. En 1979, sort son premier album solo « dreams of tomorrow ». Bien qu’il n’ait pas été un grand succès commercial, il assoit la crédibilité dans le milieu professionnel ; les titres « "dreams of tomorrow" et "all I need" ont fait de nombreux passage à la radio. Ce n’est bien plus tard, que l’album sera reconnu comme un monument de genre A.O.R. notamment au japon où il considéré comme culte ayant eu une grande influence sur la J-pop. En 1983, « without warning ! », son deuxième album solo marque un tournant stylistique vers le son westcoast. A grand renfort de sonorités synth pop et électrofunk, l’album sonne plus urbain, produit en collaboration avec les frères Sembello, piliers des studios Californiens de l’époque. Bien que l’album n’ait pas eu le succès escompté dans les charts et billboards, il montre une aptitude pour Marilyn Scott à moderniser son approche vocale en s’appropriant les codes de la pop et des sons urbains. Il est désormais aussi un album de collection.La décennie 90 sera celle de la maturité artistique, Marilyn quitte progressivement les sonorités synthétiques pour embrasser un ton plus organique, sophistiqué et jazzy. Elle enchaine quelques hits ; « back to you », un duo légendaire avec Bobby Caldwell et une nomination aux Grammys avec « the look of love », produit par son désormais producteur et ami : George Duke. Dans les années 2000, elle s’encre dans les standards avec des albums de jazz très intimistes. Pour résumer : « Marilyn Scott a redéfini les contours de la "Blue-Eyed Soul" américaine en fusionnant avec élégance la rigueur technique du Jazz, l'énergie du Funk de la Baie de San Francisco et la sophistication de la Pop West Coast. »
Discographie vinyle
Mon avis : Ce qui est intéressant avec « dreams of tomorrow » est qu’il brise les codes des genres en vogue du moment avec l’imprévisibilité qu’il met en scène, mêlant le ciselé des harmoniques de la jazz fusion et la fougue jazz funk tonitruante de la côte ouest. Un spectacle musical psychédélique centré sur une interprétation ébouriffante d’une artiste survoltée, électrisée qui nous entraîne dans un univers déjà affirmé. Marilyn s’évertue à mettre en scène sur le même des musiciens de studio déjà chevronnées avec d’autres, peut être moins experts mais plus instinctifs. Certains titres sont joués comme en Live, avec une rythmique qui rappelle le DISCO mais l’esprit général qui en émane est d’inspiration soul funk. Cet attelage de radicalité instinctive, voire animale sur des arrangements d’une sophistication improbable, renforce l’impression U.F.O.esque de cet album, un néologisme (Unknown Funk Object) qui sied parfaitement face à l’originalité de l’œuvre qu’il faut réécouter sans cesse pour sans rendre compte. Bien sur, on peut imaginer que Marilyn Scott y est aussi pour quelque chose, c’est la force d’une femme artiste qui a déjà compris que pour s’imposer dans ce genre déjà bien encombré, il ne s’agit pas uniquement d’aligner les meilleurs zicos de l’industrie mais d’exercer sur eux un contrôle spirituel dont la finalité est l’œuvre musical souhaitée. Pour « dreams of tomorrow », Marilyn Scott est déjà une veille louve de mer.
Mon avis : album résolument pop funk par nature, « without warning ! » fait rentrer de plein pied Marilyn Scott dans la décennie 80 dans le sillage des productions de George Duke du moment grâce notamment à la contribution artistique et orchestral de Michael Sembello. Il y a aussi la moog bass et un Rhodes dernier cri pour signer son époque. La mode est aux musiques urbaines, « 10x10 » est un clin d’œil amical au courant « beat street » qui verra son apogée l’année suivante. L’album tire un trait d’union entre les codes musicaux culturels des deux côtes, mais aussi de deux sociétés qui se rencontrent ; black and white. La production paraissait trop simple pour ne pas laisser entrevoir en filigrane cette tentative de casser les codes raciaux et les hiérarchies sociales. « without warning ! » est un album culturel qui a surfé sur les modes pour véhiculer un message progressiste avant gardiste.
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