Millie Scott est une choriste qui est sortie tardivement de l’anonymat en tant qu’artiste grâce à deux albums solos, et pas des moindres, à la faveur d’une rencontre avec le producteur Bruce Nazarian qui l’a fait signer chez 4th B’way/Island Records en 1986.
Native de Savannah en Géorgie, Mildred Vaney Scott a vécu à Détroit où elle a tourné avec THE TEMPTATIONS, Al Green et exercée sa voix au sein d’une formation de choristes : THE QUIET ELEGANCE avec laquelle elle a pu enregistrer quelques singles de soul entre 1972 et 1977, produits par Willie Mitchell.
Mais c’est en 1986/87, que sa carrière solo démarre véritablement avec les singles où plutôt les tubes "Prisoner of Love, "Automatic" and "Ev'ry Little Bit" joués dans les clubs US et qui se sont classés honorablement dans les charts UK. L’album « love me right » qui suit met en valeur superbement une voix chaude de quadra déjà rodée qui porte avec élégance les compositions soul funk sophistiquées et concoctées pour elle par Bruce Nazarian. Ils récidivent en 1989 avec « I can’t make it good for you “ une production de haut vol enregistrée avec des moyens de haute technicité pour l’époque. Même S'il n'a pas atteint les sommets commerciaux du premier, il est souvent cité par les amateurs de Soul-Funk pour sa maturité et sa production plus léchée. On y retrouve un mélange de synth-soul, de ballades romantiques et de morceaux "groove" qui préfiguraient presque le New Jack Swing.
Après cet album, Millie Scott s'est éloignée du devant de la scène en tant qu'artiste solo pour redevenir une choriste pour des artistes prestigieux comme Aretha Franklin.
Avec le recul, son talent est unanimement reconnue. Elle fait figure d’une des rares interprète qui aurait pu rivaliser avec Anita Baker et ce avec deux albums solo d’expert que beaucoup de DJ sample aujourd’hui.

Mon avis : Pour celles et ceux qui aiment Anita Baker ou Sherrick, vous apprécierez Millie Scott. Avec une orchestration réduite au minimum, certainement à cause de moyens de production insuffisants, Millie Scott et son producteur-musicien Bruce Nazarian offrent un album plaisant à écouter, certes un peu sec sur les titres funk à cause d’une utilisation intensive d’une batterie Linn Drum, mais généreux et suffisamment bien fignolé pour se laisser entraîner et séduire sur les ballades mi-tempo et quiet storm grâce à la maitrise des claviers. Millie Scott opte pour un style cool et maîtrisé. Sa voix est légèrement éraillée, sophistiquée, et se pose avec une précision rythmique sans faute sur les beats synthétiques.
"Prisoner of Love" : est le titre de force de l’album. Avec sa ligne de basse synthétique obsédante et son refrain imparable, c'est un classique des clubs New-Yorkais et londoniens de l'époque. La structure est minimaliste, laissant toute la place au groove.
"Love Me Right" : Le titre éponyme est une démonstration de Soul synthétique. C’est un morceau qui respire l’élégance urbaine des années 80.
"Ev'ry Little Bit" : Plus mélodique, ce titre montre la capacité de Scott à porter des chansons plus "Pop-Soul" sans perdre sa crédibilité R&B.
"don’t take your love"  est une ballade excellemment produite par Michael J. Powell, les arrangements sont subtils tout autant que l’interprétation intemporelle de Millie, qui démontre une agilité à exprimer des sentiments plus profonds.
En résumé, l'album « Love Me Right » est une capsule temporelle parfaite de la sophistication R&B de la fin des années 80. S'il n'a pas atteint les sommets des charts comme ceux de Janet Jackson ou Anita Baker, il reste un album must have pour les puristes de ce genre de funk électro.

Mon avis : Après avoir convaincu sur leur premier opus, Mille Scott et son producteur réitèrent en posant et en affinant les bases de style vers un son plus commercial et radio diffusable. Les synthétiseurs sont toujours omniprésents, mais la tonalité est plus chaleureuse et naturelle. Les charts mais surtout le billboard sont clairement visés avec une structuration plus conventionnelle.
Millie Scott a encore progressé techniquement. Elle prend plus de risques sur les harmonies et les nuances de voix. "A Love of Your Own" : est une reprise sublime du groupe AVERAGE WHITE BAND. Il est un des moments forts de l'album, où elle démontre toute sa puissance vocale sur un registre smooth jazzy. "Maybe Tonight" est un morceau presto tempo qui colle avec une tendance pop initiée avec les POINTER SISTERS sur ″I’m so excited″. "It's My Life" et « keep it yourself » sont des titres avec une certainement radicalité de funk urbain plus taillés pour les clubs et encore mieux s’ils avaient été édités en extended version. "Heaven" est une ballade quiet storm qui montre une facette plus vulnérable de l'artiste. C'est ici qu’elle laisse percer ses racines Jazz et Gospel.
En résumé, « I Can Make It Good For You » est un excellent complément au premier album. C'est un disque plus mature, mieux produit techniquement, mais qui a peut-être manqué du tube foudroyant nécessaire pour confirmer Millie Scott au rang de star. En cherchant un son plus lisse, l'album perd un peu de l'aspect brut et hypnotique qui faisait le charme du précédent.